Article intéressant sur la prépartion physique de cyrille le moine. Je ne suis pas un spécialiste mais je pense que de ce côté là ce n'était pas vraiment au point avec Cardoso....
Vahid Halilhodzic n’a pas seulement changé le plan de jeu du FC Nantes, il a également modifié le travail physique. Une vraie rupture expliquée par Cyril Moine, le préparateur physique des Jaunes.
Les Canaris sont-ils en forme ? La question fait débat et divise. Le FC Nantes affiche des statistiques honorables et la LFP les a relayées la semaine dernière. Dans le même temps, Vahid Halilhodzic, le nouvel entraîneur, n’a cessé de pointer un retard sur le plan physique.
En toute transparence et loin des polémiques, Cyril Moine, le préparateur physique, décrypte le travail effectué depuis leur prise de fonction. Le FC Nantes a changé de système de jeu et recherche d’autres qualités. Instructif et passionnant.
C’est quoi une bonne préparation physique ?
C’est une préparation adaptée au plan de jeu de l’entraîneur car, dans un match, la dominante tactique induit la dominante physique. Et c’est une préparation qui répond à des objectifs dans le temps. Certaines équipes sont formatées pour être prêtes dès le mois d’août, d’autres pour être en jambes en octobre et enchaîner jusqu’en décembre.
Le FCN a-t-il été préparé pour évoluer en mode diesel ?
Je ne sais pas et je ne veux pas commenter le travail du staff précédent. Chacun a son plan de jeu et tout est respectable. On ne détient pas la vérité.
Comment envisagez-vous la préparation du début de saison ?
Elle doit former des sprinters, capables de répéter des courses à haute intensité, mais aussi des efforts dans l’impact, dans les duels. Vahid demande beaucoup d’implication physique, d’agressivité, de courses à haute intensité pour aller au pressing. Quand nous avons repris le groupe, les joueurs ne pouvaient pas répondre physiquement aux attentes de Vahid car ils n’ont pas été préparés à cela.
Quand on regarde les distances parcourues en match par les Canaris, les statistiques sont plutôt bonnes…Focaliser sur cette donnée seule, c’est abaisser la performance des joueurs. N’importe quel runner peut courir 11,5 km en 90 mn. On est à peine à 7 km/h de moyenne. Il faut regarder l’intensité produite dans un match, à travers le nombre d’accélérations, de sprints…
Justement, le FC Nantes est la formation de Ligue 1 qui a couvert la plus longue distance en haute intensité, à savoir à plus de 25km/h. Que signifie cette statistique ?
C’est un chiffre brut, qui doit toujours être ramené au temps de jeu des joueurs. Si un joueur effectue 200 sprints en 90 minutes et un autre 200 en 96 minutes, le nombre est le même, mais cela ne signifie pas la même chose. Ce qui m’importe, aussi, c’est de voir combien de temps un joueur va maintenir son effort à plus de 25km/h. Deux secondes ? Quatre secondes ? C’est plus intéressant que le nombre de sprints.
La seule moyenne sur un match de ces derniers ne dit pas s’il y a une baisse de régime entre la première et la deuxième mi-temps. C’est pour cela qu’il faut toujours confronter ces chiffres au temps. Contre Toulouse, l’équipe a été capable de produire 1599 m par minute en course à haute intensité. L’objectif, c’est d’arriver à 1650 mètres par minute et ça va demander des semaines de travail. Je ne suis pas un magicien et je ne vais pas transformer les joueurs en 15 jours.
Le match contre Toulouse a pourtant laissé l’impression d’un progrès ?
Pour nous, dans les efforts à haute intensité, c’était mieux, mais sur le volume, ce n’était pas suffisant. L’équipe a parcouru autour de 110 km, alors, qu’au Japon, on tournait régulièrement à 118-120 km. Après, dans un match, beaucoup d’éléments pèsent sur la performance physique. Quand vous menez 2-0, inconsciemment, vous descendez la charge de travail. Vous n’allez pas produire les mêmes efforts si vous avez un bloc bas ou si vous harcelez l’adversaire dans son camp, ce qui implique plus de courses de replacement.
Contre Toulouse, d’ailleurs, il y avait une meilleure coordination des courses…
C’est aussi à prendre en compte. Tu peux faire un super match physique, mais être complètement passé à côté tactiquement parce que tu t’es éparpillé. Vahid est très exigeant sur le placement car on ne gaspille pas notre énergie à courir à droite ou à gauche.
Quand les joueurs disent qu’ils « manquaient de jus », qu’ils « n’arrivaient pas à enchaîner ». Qu’est-ce que cela traduit et comment on le mesure ?
On a réalisé du travail intermittent, ça veut dire 30 secondes d’efforts à haute intensité et 30 secondes de récupération sur des blocs de 10-12 minutes, puis du 15-15 sur des séquences de 8 minutes et du 10-10 sur des séquences de 4 minutes. Beaucoup de joueurs étaient dans le rouge, au-dessus des 30 pulsations à la minute. C’est alors compliqué d’enchaîner les efforts à haute intensité. Il y a du mieux dans les fréquences cardiaques de récupération, mais très franchement, en quinze jours, on n’a pas tout révolutionné. On est juste au départ de quelque chose.
J’ai un outil de travail très précis qui me dit dans quelle plage on se situe de 1 à 5. Plus on se rapproche du 5, plus la charge est conséquente. Quand on est arrivés les charges étaient entre 2,5 et 3. Maintenant, on commence à arriver sur des charges de 3,5-4.
Pendant la trêve, vous avez mis en place des séances sans ballon. Pourquoi ?
Je suis de l’école italienne et je n’arrive pas à me mettre complètement dans la méthode intégrée, où l’on fait tout avec le ballon. C’est peut-être plus facile de l’adopter avec les effectifs du Real Madrid, de Barcelone ou de la Juventus de Turin, qui ont une énorme maîtrise technique et qui font courir les autres. Pour nous, on a peut-être plus besoin d’aller au charbon, de courir, d’aller chercher le ballon.
Dans un travail sans ballon, vous allez de tel plot à tel plot, c’est pareil pour tout le monde, et je sais que j’aurais donc la même charge interne de travail. Quand on met le ballon, on ajoute une composante supplémentaire, d’abord car tous les joueurs ne jouent pas au même poste et que les efforts ne sont pas les mêmes. Et c’est facile pour un joueur de se cacher dans un jeu, de gérer. Avec le travail physique, il ne peut pas.
Comment se concrétise ce changement de méthode et qu’implique-t-elle ?
C’est une semaine centrée sur l’aérobie, une autre la puissance, une autre la vitesse… Mais quand on change de méthode de travail, on est très souvent sujet aux blessures. Il ne faut pas que tout se passe de manière brutale. Grâce aux tests Sybex, on a les valeurs sur la force du muscle et on voit s’il y a un déséquilibre. S’il est trop important, on va demander au joueur de faire du renforcement musculaire, un travail de prévention. On a commencé : untel va faire du travail de proprioception, un autre des étirements musculaires.